Les Foyers d’Humanisme

Porte de la Chapelle, porte de l’Humanisme à Paris !

Description de la proposition pour le Budget participatif parisien de 2022

« Famille France-Humanité », association reconnue d’intérêt général, très active à la Porte de la Chapelle, veut y aménager, avec ses partenaires, des Foyers d’humanisme, la Fraternité (mixte) et la Sororité (pour femmes), c’est-à-dire deux locaux semblables à des appartements de standing bien équipés, adaptés aux handicaps, mis à disposition des habitant·e·s, des association pour des missions « hors-les-murs » et de FF-H (organisatrice de cafés-philo, goûters thérapeutiques, formations). Dans l’idéal, la Sororité aura sa palissade du partage (de manteaux, livres…) sur le modèle du « mur de la gentillesse » développé en Suède. Pour aller dans les recoins du 18ème où les femmes se sentent le plus exclues et le moins maîtresses de leur vie, un bus de la Sororité de même fonctionnement est envisagé. Une plateforme informatique, sur le modèle des véhicules en autopartage, sera conçue pour gérer les réservations et étendre ce projet à d’autres acteurs, publics ou privés, prêts à mettre à disposition des lieux de résilience sur l’ensemble du territoire parisien : la Covid a exacerbé la précarité et la solitude et réduit les possibilités de rencontre pour des raisons sanitaires et financières.

Le contexte :

Un nouvel et puissant humanisme s’est mis à souffler à nos portes/Portes. Le 17 mars 2020, toute la France se confinait. Jamais les exclu·e·s, resté·e·s dehors, n’étaient devenus aussi visibles, et une foule de personnes privées de leur gagne-pain, inconnues jusqu’alors dans les distributions alimentaires, s’étaient résolues, la tête baissée, à prendre place dans ces files. Mais au même moment, un événement considérable, largement passé sous silence, se produisit : une insurrection parisienne – magnifique – de la solidarité ! Plusieurs citoyens et citoyennes, diverses associations sonnèrent le tocsin et s’engagèrent avec courage, sortant pour venir en aide aux plus vulnérables et osèrent des choses nouvelles. Le 18ème arrondissement fut à la pointe de ce sursaut populaire.

Temps d’ombre et temps de lumière, mais aussi temps suspendu : comme lors de toute guerre, nous vîmes, lors du premier confinement, un temps d’union sacrée : celle de l’union des Parisien.ne.s de toute origine, de toute tendance politique, religieuse ou philosophique, et de toute condition sociale, au service des plus vulnérables devenus incroyablement nombreux ; union entre le centre de Paris et ses périphéries ; union, dans le 18ème, entre ses divers quartiers, la Goutte-d’Or et les Portes ; union entre les bonnes volontés individuelles, les associations, les fondations, les entreprises et les pouvoirs publics. Ce projet s’inscrit dans la continuité de ce mouvement qui fera date, afin de le pérenniser.

Il y a urgence : précarité, solitude, dépression collective, méfiance généralisée se sont accrues depuis la Covid, et deux forces s’opposent, celle de la division et de la crainte face à celle de l’union et de la foi en l’avenir. La force du budget participatif est sa capacité à se joindre à la seconde par en-bas, de donner voix au chapitre à celles et ceux qui n’ont ni pouvoir ni argent, mais qui ont beaucoup à proposer et à rêver, et qui sont capables de grande mobilisation collective. Ce que nous proposons n’est pas seulement du domaine du soin, mais d’abord un réceptacle des énergies et un tremplin pour le peuple de Paris qui s’est redécouvert fort et résilient, à l’occasion de cette pandémie, par sa capacité à rêver d’un monde plus solidaire et à se mobiliser pour ça. Les historien·ne·s reconnaîtront que ce peuple n’était pas seulement un peuple de victimes, de premiers ou premières de corvée, mais un peuple de héros et d’héroïnes. Ce que nous proposons ne se veut pas spectaculaire, mais des métiers à tisser et retisser le tissu social en permettant à toutes ces « petites mains » d’exprimer leur puissance, leur créativité et leurs talents.

Notre proposition : l’aménagement de deux Foyers d’humanisme, qui inspireront la création d’autres dans un futur proche

Il ne s’agit donc pas de rapiécer de l’ancien, mais de créer du nouveau, et particulièrement à la Porte de la Chapelle, qui est un quartier en souffrance et très stigmatisée, mais regorge d’énergies individuelles et qui est en profonde mutation. C’est un quartier que nous connaissons bien, car Famille France-Humanité y est très active. Nous voulons y aménager, avec nos partenaires, des Foyers d’humanisme, la Fraternité (mixte) et la Sororité (pour femmes), c’est-à-dire deux locaux semblables à des appartements de standing bien équipés, adaptés aux personnes handicapées, et mis à la disposition des habitant·e·s, des association pour des missions « hors-les-murs » et de F.F.-H. (organisatrice de cafés-philo, goûters thérapeutiques, formations). Ce qui nous a le plus marqué, au cours des discussions que nous avons eues avec les personnes que nous rencontrons, c’est la difficulté à trouver des solutions d’avenir pour un nombre croissant de personnes, quand bien même celles-ci s’en étaient bien sorties dans le passé.

Nous répondons à un besoin essentiel : celui de l’hospitalité, et, précisément, celui de la résilience, de l’émancipation et de la réduction des inégalités à travers l’hospitalité. Les Foyers d’humanisme visent à renforcer et à étendre le tissu social, de façon toujours plus inclusive et bienveillante, à développer le bien-être et le bien-vivre ensemble dans un quartier donné, et à favoriser la résilience et la coparticipation citoyenne de toutes et tous par la recherche de solutions individuelles et communes. Surtout, nous voulons accroître la joie et le bien-être des personnes les plus précaires, sentiments qui sont certes mis en avant quand il s’agit de mobiliser des aidants, mais qui semblent demeurer plutôt dans l’ombre quand il s’agit de parler de ceux des aidé·e·s. Voici ce que nous voulons démultiplier : les plaisirs simples de la conversation autour d’un café ou d’un verre, le plaisir du partage et des retrouvailles, la joie de donner et de recevoir, la joie d’exprimer ses talents, de les transmettre et de se savoir soutenu·e et encouragé·e.

Ces Foyers d’humanisme seront bien sûr ouverts à toutes et tous, mais nous les destinons en priorité aux personnes qui se sentent le moins à l’aise dans leur quartier ou devant les guichets administratifs, et qui sont les plus découragées et isolées (nous pensons particulièrement à celles qui sont handicapées et âgées).

Le dispositif :

Les Foyers d’humanisme, la Sororité et la Fraternité, seront situés dans le quartier de la Porte de la Chapelle. Nous aimerions que la Sororité soit dans la maison qui servait de guichet pour la SNCF à côté du grand rond-point de la rue de la Chapelle, maintenant accolée au nouvel ensemble immobilier « La Chapelle International ».

À côté de la Sororité se trouvera une palissade du partage (mais pourquoi ne pas réutiliser un vieux kiosque à journaux parisien ?), inspirée de l’initiative solidaire suédoise appelée « mur de la gentillesse » :

Les Parisien·ne·s pourraient y accrocher leurs dons à destination des femmes désargentées ou à la rue, tels que des manteaux ou autres vêtements chauds pour l’hiver, mais aussi des livres.

Nous avons besoin que soit créée une plateforme numérique de réservations et d’entraide.

Nous aimerions aussi qu’un bus de la Sororité, aménagé comme un appartement, prenne place dans les endroits du 18ème arrondissement, particulièrement devant certaines Portes nord, où les femmes ont le plus de difficultés à trouver des activités et du soutien.